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Être maman désespérée

J'ai deux enfants adorables. Des petits amours à croquer. Mais le premier a le tempérament de son père quand il était petit. A la moindre contrarité il s'enflamme et il devient incontrolable. Son signe astrologique est balance, ça m'éclaire souvent sur son tempérament... Il hurle, il se roule par terre et je ne peux rien faire (à 2 ans il se cognait la tête contre le carrelage...) Même son doudou il le rejette (cet après midi, il a ouvert la porte de sa chambre pour balancer son doudou dans le couloir et a refermé la porte...)

Dans un premier temps je suis patiente, sensible à son chagrin, à l'écoute de ses frustrations. Ensuite, il y a trois scénarios. 1 : j'arrive à le calmer en quelques minutes et nous pouvons reprendre nos activités normales. 2 : je n'y arrive pas et je le laisse finir son caprice dans un coin isolé. Puis il se calme tout seul après un très long moment. 3 : il ne se calme pas et moi non plus. Et là ça part en cacahuète, méchanceté, punition, cris... Je perds moi même le contrôle de la situation. Et c'est encore plus long pour calmer tout le monde.

Je me retrouve alors seule face à moi même, face à mes choix d'éducation , face à mes doutes et je déprime littéralement car j'ai peur. J'ai peur de ne jamais arriver (à le contrôler) à appaiser ses peines et j'ai peur qu'il nous rende la vie insupportable à tout jamais. Je pense à tous ses enfants terribles, ses ados persécuteurs, ses jeunes adultes cruels et je ne veux pas que mon fils devienne comme eux. Je suis frustrée car je me sens impuissante. Pas nulle, car j'ai confiance en mes aptitudes de maman, mais inférieure à la puissance de sa colère. La nuit, lorsqu'il nous fait ses crises de nerfs pour des raisons qu'on ignore, les sentiments d'injustice et de désarroi sont encore plus forts.

A deux ans et demi, un après midi, il m'a filé un coup de poing au visage. J'ai été choquée et j'ai eu mal. J'imaginais alors son comportement à 15 ans et j'avais le coeur anéanti de me dire qu'il pouvait me détester, me battre et fuir la maison. Les larmes sont montées et je l'ai pris dans mes bras pour l'embrasser et le chérir. Je me suis alors excusée d'avoir été parfois méchante avec lui et je lui promettais de ne plus le "taper". Car je savais que ce que je lui faisais "subir" il me le rendait en tout point. La colère engendre la colère, et cette escalade de violence peut laisser des séquelles dans les coeurs et les esprits, à tout jamais. La vie est déjà assez dure comme ça pour créer des rancoeurs envers ses parents. J'ai dit tout ça c'est fini. Et depuis il n'a plus levé la main sur moi.

Mais j'ai beau acheter des livres (Je gère, de Anne Peymirat) (100 façons de se faire obéir sans cris ni fessées, de Anne Bacus) (Au coeur des émotions de l'enfant, d'Isabelle Filliozat) ou lire des articles sur l'éducation bienveillante sur Internet, j'ai du mal à m'y plonger. Je ne prends pas le temps de les lire jusqu'au bout car j'ai l'impression qu'ils ne résolvent pas MES problèmes (pas systématiquement et pas définitivement). Les enfants sont tous différents et les contextes familiaux le sont tout autant. Je demande parfois conseil autour de moi quand je suis vraiment au bout du rouleau, mais les paroles ne viennent appaiser que ma conscience sur l'instant. Car à chaque rebellion, la tornade des tourments reprend de plus belle. Il me faudrait le mode d'emploi de mon enfant, pas celui des autres. Mais il n'existe pas de liste avec toutes les solutions à tous les problèmes. Alors que c'est ça que je voudrais, un truc pour ne pas qu'il recommence sans cesse les mêmes caprices. Je suis toujours en train de me bagarer sur les mêmes points (on ne tape pas son assiette avec ses couverts, on ne jette pas son biberon par terre quand il est vide, on ne secoue pas la chaise haute de son petit frère, on ne hurle pas pour ouvrir tout seul les volets, on ne hurle pas parce que papa est parti travailler, on ne joue pas avec le verrou de la porte de la salle de bain................ bref!)

Je prends beaucoup de précautions pour ne pas qu'il se mette dans un tel état de rage. J'y suis cependant confrontée au moins une fois par jour en moyenne. Certes, j'apprends au fur et à mesure à mieux gérer ses colères, anticiper les situations critiques, et lui à moins s'énerver. Mais on n'y échappe pas complètement malheureusement. La fréquence de ses colères est assez variable suivant un shéma que je n'ai pas encore réussi à décrypter. Je n'ai qu'une certitude, c'est que la fatigue affaiblit notre patience et notre jugement.

Tout bascule plus vite quand je suis fatiguée. Fatiguée de nos courtes nuits, fatiguée par ses caprices, fatiguée par les efforts que je fais pour l'éduquer au mieux, fatiguée par les longues journées bien remplies -de repas, de linges et de vaisselle-, fatiguée par le désespoir. Or, il faut constamment lutter contre cette fatigue physique et morale, pour ne pas entrer dans le cercle vicieux qui me fait crier plus facilement. Et la meilleure arme pour combattre cette impatience qui peut monter très vite, c'est la compassion. L'amour. La tendresse.

Il suffit d'un petit rien dans mon esprit pour inverser la vapeur. Je le regarde rouge comme une pivoine, transpirer comme un force-né, se plaquer tout seul sur le carrelage. Je pense aux sentiments qu'il peut éprouver, à sa propre peine ou sa frustration. Je me dis qu'il est encore tout petit, il parle encore timidement, il est encore si vulnérable et dépendant de moi. Il a beaucoup de choses à apprendre. Il est même probablement jaloux de son petit frère, ou lui même fatigué. Il suffit d'un déclic pour que j'arrête de penser à moi, et je trouve alors la force et le courage d'aider ce petit garçon à se relever du fond de sa détresse.

C'est pas facile. Mais changer son regard aide à résoudre les problèmes.


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